jeudi 27 novembre 2008

Tandja, la Rébellion, l'Assemblée et Tazartché

Tandja, la Rébellion, l’Assemblée et Tazartché

Cela fait presque un an que je n’avais écrit sur ce blog. Ce n’est ni la matière ni le temps qui m’ont manqué : la rébellion qui sévit toujours et Tandja qui ne se décide toujours pas à la reconnaître à fortiori négocier avec elle ; la mise en accusation de Hama et son incarcération à Koutoukalé ; la crise au sein du PNDS ; le pétrole au Niger et d’autres annonces minières réjouissantes; le Tazartché ; les rencontres Issoufou-Tandja ; la crise à RDC ; la crise ivoirienne ;le retour de la Russie et l’affirmation de sa présence dans le monde; la candidature de Obama, l’investiture démocrate, sa campagne palpitante, sa Victoire saluée dans le monde et aux USA ; etc.

De la rébellion
Elle perd son souffle depuis la mort d’un de ses principaux lieutenants et le départ de certains de ses idéologues et combattants. Elle est moins offensive, mais elle sévit toujours.
Si elle continue d’accuser le régime de « génocide » sur la communauté Touarègue, de pillage des ressources, de mise à sac des campements et de l’extermination du cheptel, elle n’entreprend plus des attaques aussi osées que celle de Tanout qui a eu lieu au cours de cette année 2008. La dernière fois, elle dit avoir pilonné Tchiro…de loin.
Est-ce pour trouver de la sympathie qu’elle fait un appel du pied au prisonnier de Koutoukalé, son ancien adversaire ? Qu’elle accuse Tandja de vouloir rempiler ? Qu’elle dénonce le gazoduc et la raffinerie de Zinder considérés par elle comme une spoliation dont seraient victimes les habitants du site pétrolier ?
On lisait son amertume quand elle reprochait aux Nigériens et à la communauté internationale de rester indifférents au sort des touaregs du Nord Niger.
Le nouveau Front de Rhissa est intervenu entre temps…Des défections des combattants qui déposeraient les armes pour la paix, à en croire les autorités.
Tandja avait-il raison d’avoir refusé de négocier ? Seuls l’avenir nous le dira. Ce qui est sûr, c’est que toute négociation avant l’épreuve de confrontation militaire aurait été une complaisance et une capitulation de la République et de la démocratie, un encouragement au chantage, à la récidive.
Cependant, refuser de négocier n’excluait pas d’examiner les problèmes réels posés par les insurgés. En l’occurrence la rétrocession juste des dividendes minières aux ayant droits, l’élaboration d’un code rural et foncier qui intègrent la spécificité de la « propriété » dans le monde nomade. Ce qui faciliterait et rendrait équitables les éventuelles indemnisations et compensations en faveur des populations des terroirs accueillant nos unités minières et nos infrastructures sensibles. L’élaboration d’une politique environnementale couplée d’une large explication des enjeux du développement durable s’avère nécessaire pour tranquilliser les citoyens inquiets. Sans oublier de s’intéresser de manière conséquente aux deux principales activités qui mobilisent plus de 90% des Nigériens : l’agriculture et l’élevage. Je ne parle pas de l’opération charme actuelle de vaccination et de l’achat du niébé…
En procédant de cette manière, nous réduirons substantiellement les velléités de ceux qui s’engouffrent dans les failles de gouvernance dans le seul but d’assouvir leurs intérêts particuliers, quittes à exposer la nation aux périls de toute sorte. Nous le ferions même si aucune menace ne pèserait sur la paix et notre cohésion. C’est pour ces raisons que le gouvernement est commis : le salut public.
Nos députés auraient pu prendre de l’initiative puisque la loi le leur permet. Ils auraient pu organiser le débat, interpeller le gouvernement sur ces questions. S’il n’obtempère pas, le défier. C’est leur rôle. Mais ils ne l’ont pas fait. Par ignorance, par peur, par calcul ou pour préserver l’alliance au pouvoir et la « stabilité »? Tandja était trop braqué sur la question, c’est vrai.
L’opposition aurait pu le faire à leur place. Certes, elle n’avait aucune chance de réussir. Par contre, elle réussirait à casser son ménage avec Tandja. Le coût d’une telle prise de position (quand elle est publique bien sûr) aurait été désastreux pour elle. Dans le contexte de l’époque, le prix serait politique et social.
Avec les échéances de 2009 qui s’approchent, la rébellion a tout intérêt à prononcer une trêve unilatérale pour faciliter les élections.
Très bientôt Tandja s’en ira. Elle aura l’occasion d’apprécier la bonne volonté de ceux qui le remplaceront.
Je sais qu’il n’est pas facile d’entretenir des « troupes » oisives. Il y’a même des risques de remise en cause du leadership ; il y’a le danger de la démobilisation et de la diète que ne manquerait pas d’imposer la cessation des « opérations ».
Mais ce serait politiquement inconséquent et désastreux que la rébellion accepte d’être l’argument principal du Tazartché ; ou même qu’elle accepte d’être le facteur qui empêcherait les populations du Nord de participer au processus de désignation des instances nationales et au renouvellement prochain des autorités décentralisées.